L'ART ET LA PLASTICITE DU CERVEAU


PARUTION DU N°36 DE LA
REVUE TRANSDISCIPLINAIRE
DE PLASTICITE HUMAINE
- PLASTIR -
 Exergue du texte dans la parution de PLASTIR n°36

Ce que j'ai proposé pour PLASTIR est au cœur de nos préoccupations, à savoir quelle est la réalité des liens plastiques entre un cerveau qui pense et une œuvre d’art qui se crée? Autrement posé par l’auteur en exergue de son essai : « … Vous les artistes quand savez-vous que votre cerveau a décidé et a déterminé que c’est ce moment précis avec la représentation de l’image que vous apportez qui est un moment d’art ? » Et de fait, la question est plus complexe quand je retrace l’histoire de la neuroplasticité, son évolution d’une structure pré-cablée à un organe éminemment plastique et sujet aux émotions. Toutes nos conceptions en découlent : plasticité cognitive accrue, inconscients neuronaux, synesthésies, neurogenèse adulte en place de souvenir figé et représentation cérébrale uniformisée. Caricature dont les artistes ou les méditants avaient pressentis l’infondé, se plaçant, à l’image de Kandisky cité dans le texte et bien d’autres, naturellement (adaptation de leurs souvenirs aux formes et aux couleurs) en position synesthésique. Et l’auteur de citer les nouveaux modes créatifs (jeux, réalité virtuelle), dont le concept avancé par Fairbairn sur la recherche de l’objet et l’importance de la notion d’espace propre et figuré ou de perspective pour le peintre ou le plasticien. « Au-delà du signifiant, il est nécessaire de voir le signifié, une surréalité gisant toujours sous les réalités », dixit l’auteur. Les recherches sur la neuroplasticitédes artistes grâce à la neuroimagerie sont de même en pleine évolution, confirmant souvent leurs intuitions vis à vis du codage de l’image, mais selon l’auteur: « L’art en pensée est, lui, inséparable de la vie de ses auteurs… dont toute pratique est existentielle avant d’être réalité virtuelle puis visuelle utilisant souvent les altérités pour offrir une émotion, un trajectif entre pensée et résultat… Dans l’esprit cognitif, le dévoilement et l’aperçu de l’image viennent du mode de production de l’objet, de la fébrilité avec laquelle le sujet/objet s’est produit mais, contrairement aux œuvres dites artistiques, sont sans intention ni finalité esthétique énoncée, ni même conscientes. La nécessité vitale d’être ART, de faire ART est remplacée par la volonté d’art… », ou citant Richter « qui installait toute son œuvre dans une problématique sans dévolution, sans séquence, sans attachement précis démontrant que son cerveau ne savait certainement pas avoir de sectorisation dans les attributs de ses œuvres peintes : « Mes tableaux sont sans objet….Ils n’ont par conséquent ni contenu, ni signification, ni sens ; Ils sont comme les choses, les arbres, les animaux, les hommes ou les jours, qui, eux aussi, n’ont ni raison d’être, ni fin, ni but. ». Peut-on signifier cela comme un trouble artistique ? » En conclusion, j'explore ici les marqueurs sensitifs du cerveau et son extraordinaire plasticité (flux à l’altération « programmée ») en se tournant vers l’avenir – notre environnement numérique, synesthésique et spatiotemporel en constante évolution – et en se posant les bonnes questions quant au devenir affectif et intime de l’art et de la perception des œuvres.

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